dimanche 2 avril 2017

Guerre du Donbass - Analyse stratégique

(rédigé par Arno Zaglia, corrigé par Olivier Lancelot)

Le 6 avril 2017 marquera le troisième anniversaire du début de la guerre du Donbass, conflit qui vient de faire 10 mille morts et 1,5 millions de déplacés dans la population civile. Malgré tout, l’entrée en vigueur des Accords de Minsk (2015) et la guerre contre l’État islamique semblent avoir totalement détourné l’attention de l’opinion publique alors que sa proximité géographique et son intensité devraient attirer davantage notre attention. Une occasion de réaliser une étude stratégique plus longue que d'habitude afin d'aborder les différentes facettes de la crise. Ainsi, cet article a donc pour objectif d'identifier les causes et les circonstances de cette guerre, les acteurs impliqués, les enjeux stratégiques, opérationnels et tactiques, le type de guerre et l'identification des « centres de gravité ».

Une société profondément divisée

L'éclatement de la guerre du Donbass est la conséquence de différents clivages qui ont divisé l'Ukraine entre un Ouest et un (Sud-)Est, les deux étant grosso modo séparés par le fleuve Dniepr. Ces clivages étant incontournables, on constate que l'Ouest de l'Ukraine est ukrainophone alors que l'Est est russophone (clivage ethno-linguistique) ; l'Ouest est plutôt rural tandis que l'Est est fortement industrialisé ; enfin, l'Ouest est europhile et pro-européen tandis que l'Est est russophile et pro-russe. Cette situation se concrétisa par des tensions croissantes entre les deux Ukraines et, donc, entre les autorités ukrainiennes et les populations russophones (« rattachement » de la Crimée à la Russie, sécessions du Donbass, troubles dans le (Sud-)Est russophone, etc.).

Par rapport à ces clivages, on pourrait ajouter un clivage plus idéologico-administratif qui voit s'opposer le centralisme nationaliste ouest-ukrainien et le régionalisme autonomiste est-ukrainien, d'un côté, et les modèles de conceptions européenne et russe de la démocratie, d'un autre côté. Dans ce cadre, la rotation des différents gouvernements (une fois pro-russe, une autre fois pro-européen) ont nourri au sein de chaque groupe ethno-linguistique un sentiment d’être dominé par l’autre groupe. C'est ainsi que la Révolution de février 2014 a été perçue par les russophones comme un Coup d’Etat des Ouest-Ukrainiens.

En outre, sur le plan géopolitique, le régionalisme autonomiste est-ukrainien, concrétisation du sentiment des russophones d'être oppressé et menacé, est doublé par un irrédentisme russe. comme mentionné dans un précédent article d'Olivier Lancelot sur la géopolitique russe, la géopolitique du Kremlin étant caractérisée par son sentiment d'insécurité, la Russie a mis en place différentes mesures en vue de soutenir les minorités russes et russophones du Sud-Est ukrainien face à un gouvernement nationaliste russophobe.

Mais cette division en deux Ukraines n'est pas récente et s'ancre dans une Histoire parfois douloureuse. Ainsi, jusqu'en 1939-1945, le centre, le Sud et l'Est de l'actuelle Ukraine étaient sous le contrôle de l'Empire russe, puis de l'Union soviétique tandis que l'Ouest (principalement la Volhynie et la Galicie) appartenait à l'Autriche-Hongrie, puis à la Pologne. Cette situation avait donc engendré une évolution différentiée au sein même de l'Ukraine entre un Ouest ayant évolué dans un milieu occidentalisé (Europe, démocratie et libéralisme) et un Est ayant évolué dans un milieu internationaliste (Russie, totalitarisme et communisme).

Les acteurs engagés

Ainsi, les combats teintés d’une extrême violence reflètent de réelles fractures entre l’Ouest et l’Est. Pour les habitants du Donbass, l’Ouest de l’Ukraine est le terreau du néonazisme[1] et de l’élite libérale responsable de son déclin économique alors que pour les loyalistes (partisans de Kiev), le Donbass est considérée comme une région arriérée, à la culture mafieuse et comme un réservoir de nostalgiques de l’ère soviétique[2]. Dans ce contexte, les acteurs engagés sont divers.

Du côté des loyalistes, il faut identifier les militaires sous l’autorité du ministère de la Défense (incluant l’armée de terre, la marine, les troupes aéroportés et l’armé de l’air) tandis que la Garde nationale ukrainienne, les forces de police, les régiments Azov et Donbas sont sous la tutelle du ministère de l’Intérieur. De plus, il existe encore les bataillons de volontaires qui évoluent en toute autonomie (comme Pravy Sektor, l’Organisation des nationalistes ukrainiens ainsi que les bataillons étrangers[3]). Diplomatiquement, l'Ukraine est soutenue par l’Union européenne, les États-Unis, le Canada et l’OTAN. Si aucune troupe occidentale n’est impliquée dans le conflit, le Canada et les États-Unis fournissent à Kiev du matériel non-létal (gilets pare-balles, drones, vêtements, véhicules) ainsi que des conseillers militaires.

A l'opposé, du côté des insurgés pro-russes, on retrouve la République populaire de Donetsk (DNR) et de la République populaire de Lougansk (LNR), dont les forces sont composées de miliciens, de professionnels et de volontaires étrangers. Pour ces derniers combattants, la lutte contre le néonazisme ukrainien et les valeurs occidentales est la principale motivation à rejoindre les rangs des séparatistes. Au cours du conflit, l'organisation militaire des forces de la Nouvelle-Russie a évolué passant de combattants faiblement équipés et entraînés à de véritables militaires professionnels. De plus, parallèlement aux forces susmentionnées, des acteurs privés sont engagés dans à leurs côtés, à l'instar des associations et partis politiques russes ou ukrainiens (comme les mouvements eurasistes, par exemple) qui fournissent une couverture politique et médiatique.

Le conflit est une guerre hybride, c’est-à-dire que guerre conventionnelle et guerre asymétrique sont combinées. La guerre conventionnelle avec ses tanks, ses canons, ses régiments qui livrent bataille et la guerre asymétrique avec ses cyberattaques, sa propagande à grande échelle et le contournement du droit international. L’opération « anti-terroriste » de Kiev a déployé de 30.000 hommes (au début du conflit) jusqu'à 60.000 sur les 200.000 hommes dont disposent les forces armées de l'Ukraine pour faire face aux 40.000 combattants  présents dans le Donbass. Par la suite, après les rudes combats entre avril 2014 et janvier 2015, près de 100 mille Ukrainiens, loyalistes et séparatistes confondus, doivent prendre le temps de consolider leurs positions, de se reconstruire, de se réorganiser et de chercher la faille chez l’ennemi. L’Ukraine essaye désormais de faire table rase de son offensive ratée de 2014, conséquence d’un matériel hérité de l’Union soviétique et de l’incompétence des officiers et des politiques (infra)[4].

Enjeux stratégiques, opérationnels et tactiques

Enjeux stratégiques

Le conflit dans le Donbass se divise en trois niveaux : un niveau stratégique, un niveau opérationnel et un niveau tactique. Ainsi, pour Kiev, l'objectif principal de la reconquête de la région est d'ordre économique. En effet, la sécession du Donbass peut handicaper le développement économique de l'Ukraine, déjà pénalisée par la perte de la Crimée. En effet, le Donbass (et plus, globalement, le (Sud-)Est de l'Ukraine) est un pôle économique et industriel incontournable avec ses industries lourdes (sidérurgie, métallurgie, etc.) et ses mines de charbon notamment, dont la perte menace l'équilibre financier de l'Etat ukrainien. De plus, le Donbass est également un objectif politique important : reprendre la région permettrait à l'Ukraine d'affirmer son indépendance par rapport à la Russie, de sortir de la sphère d'influence russe et d'entamer les processus d'adhésion aux institutions occidentales, OTAN et Union européenne en tête.

A l'opposé, pour le Donbass, l’objectif principal est de chasser les troupes loyalistes hors des limites administratives du Donbass (à commencer par les Oblasts de Donetsk et de Lougansk) et d'aspirer à devenir soit un État indépendant, soit une entité autonome au sein d'une Ukraine régionalisée. Donetsk et Lougansk cherchent à tout prix à conserver la contiguïté géographique avec les frontières russes en vue de garder les les contacts avec la Russie, lien territorial vital pour leur survie. 

Principal soutien du Donbass, pour la Russie, l'objectif principal est de déstabiliser l'Ukraine de sorte que le pays ne puisse plus quitter l'orbite, l'influence russe par manque d'attractivité pour une éventuelle adhésion à l'OTAN et l'Union européenne. Pour rappel, l’Ukraine est un « pivot géostratégique » et son contrôle par l’OTAN fragiliserait la position de la Russie[5]. Dans la même logique, Vladimir Poutine désire restaurer l’autorité de la Russie dans sa sphère d’influence traditionnelle et convoite le Rimland européen, instable. Scénario extrême : la Russie peut espérer que la victoire militaire et politique de ses alliés conduira à un démantèlement de l’Ukraine. L’Ouest pro-occidental, le Sud et l’Est pro-russe. L’Ukraine est également un pays ethniquement hétérogène dont la victoire des séparatistes pourrait galvaniser l’autonomisme ou le séparatisme dans certaines régions[6].

A l'opposé, principaux soutiens de Kiev, pour l’OTAN et l’Union européenne, l’objectif est davantage de protéger son flanc oriental contre une Russie perçue comme une puissance révisionniste aux aspirations néo-impérialistes. En revanche, les États européens sont divisés concernant la position vis-à-vis de la Russie. Des pays comme la Pologne, la Suède ou les Etats baltes veulent des sanctions fermes tandis que la Hongrie, la Slovaquie et la Grèce cherchaient à assouplir les sanctions.

Enjeux opérationnels

Concernant le niveau opérationnel, il faut retenir deux théâtres d’opérations : le théâtre ukrainien et le théâtre international. Ainsi, le premier objectif des insurgés pro-russes est de chercher à infliger des pertes aux Ukrainiens de sorte de changer le cours de la guerre en accumulant des succès tactiques. Le second est d’agir sur la volonté et la cohésion entre les loyalistes ukrainiens et les Occidentaux. Pour cela, l’arme la plus efficace est le doute, la désinformation et le dénigrement de l’adversaire[7]. Même si les séparatistes ne gagnent rien sur le front est-ukrainien, gagner le théâtre international sera décisif dans la poursuite de la guerre. Après la révolution de février 2014, le Kremlin a organisé une campagne médiatique et informatique agressive mais efficace contre le nouveau gouvernement ukrainien et les institutions occidentales.

De son côté, Kiev lutte aussi bien sur le théâtre ukrainien que sur le théâtre international en cherchant à contrecarrer la propagande pro-russe. Le site « StopFake » a été fondé en plusieurs langues en tant que « debunker ». Son objectif est d’exposer et de discréditer les fausses informations du Kremlin et de ses sympathisants. Sur le théâtre ukrainien, Marioupol est un objectif capital pour les deux belligérants car si la ville tombait, les pro-russes pourraient créer un pont maritime (si pas terrestre) avec la Crimée. Une telle victoire du Donbass aurait un impact psychologique négatif sur l’opinion publique ukrainienne et pourrait raviver à nouveau le séparatisme dans les autres régions russophones[8] (Kharkov, Odessa, etc.).

Enjeux tactiques

D’un point de vue tactique, nous observons une nouvelle guerre de tranchées. Cela se résume souvent à des escarmouches pour contrôler des postions tactiquement avantageuses. Des patrouilles s’accrochent dans des zones contestées. Ce sont souvent des échanges de tirs d’armes automatiques, de roquettes ou de grenades. Pour Kiev, la tactique actuelle des séparatistes ressemble à celle du Hamas, c’est-à-dire provoquer son adversaire et espérer que sa riposte violente entraîne des pertes civiles et poussent les habitants à rejoindre leurs rangs. Tirer sur des zones civiles risque de rendre la population hostile, ce qui ne facilitera pas la progression des loyalistes. 

L’inventaire des combattants russophones et des troupes ukrainiennes provient de la période soviétique, un matériel obsolète et généralement peu efficace. Des véhicules dernier cri ont été déployés par l’Ukraine dont certains ont été capturés par les séparatistes. 

En plus des tactiques militaires, il existe des tactiques informatiques auxquelles pro-russes et Ukrainiens se livrent une lutte pour gagner un maximum de soutien dans le monde. Créations de (faux) profils pro-russes perturbant les forums, vidéos de propagande, invention de fausses informations, présentation de faits alternatifs, détournement des faits, rapports d’experts, etc. 

Avant les Accords de Minsk, loyalistes et séparatistes avaient recours à des tactiques conventionnelles comme la coupure des voies de communication, les embuscades et les encerclements. La guerre aurait pu tourner court pour les séparatistes mais ils ont réussi à attaquer les loyalistes au moment où le point culminant de l’assaut avait été atteint. En effet, le relâchement des troupes qui voyaient une victoire certaine et l’étalement de leur lignes de communication leur ont été fatal. Saisis par la surprise, ils furent débordés et coupés du reste de leurs unités.

Cet échec s’explique également par l’absence de commandement centralisé pour leurs 50.000 hommes alors que les combattants russophones avaient établis un commandement centralisé pour leurs 15.000 combattants. Résultat : des centaines d’hommes ont été mis hors de combat et la matériel lourd détruit ou capturé par les combattants russophones. Pire encore, Marioupol était à deux doigts d’être investie par les séparatistes. Cette contre-offensive aurait été appuyée par plus d’une centaine de blindés et un millier d’homme en provenance de Russie. Parmi eux, des troupes de la 76° Division aéroportée, une unité d’élite basée à Pskov.

En résumé, la stratégie ukrainienne de 2014 a été déstabilisée par la disproportions des moyens qui l’a rendu inefficace. Les cause sont multiples : la récession économique, l'insuffisance des infrastructures, la désuétude de l'arsenal militaire, la corruption généralisée dans les niveaux politiques et militaires et, enfin, une organisation confuse[9]. Face à ce déséquilibre, l’Ukraine a le choix : adapter les moyens disponibles aux fins politiques ou bien d’adapter les fins politiques aux moyens disponibles. 

Une approche indirecte réussie : l’annexion de la Crimée

Lors des événements de février 2014, en Crimée, le président russe a réussi à exécuter une approche indirecte. En effet, Vladimir Poutine et l’état-major russe ont su profiter du désordre post-révolutionnaire à Kiev, des manœuvres militaires russes prévues depuis des mois et de l’hostilité des russophones à l’Euromaïdan pour annexer/récupérer la Crimée. Grâce à la coupure des communications et à un efficace travail de renseignement, les Russes sont parvenus à prendre le contrôle des bâtiments officiels, des bases militaires et des navires de guerre ukrainiens en quelques heures seulement.

Par conséquent, la Russie a non seulement pu préserver sa puissance en mer Noire mais a également réussi à capturé le matériel militaire présent en Crimée [10] sans effusion de sang. Parallèlement à l’annexion de Crimée et à la guerre du Donbass, Moscou a mobilisé d'importants moyens pour la guerre psychologique (supra) et diplomatique[11] pour immobiliser toute initiative des Occidentaux. Sun Tzu n’aurait pas demandé mieux...

Centre(s) de gravité

Le centre de gravité est la source de force morale et physique, de puissance et de résistance. Il peut s’agir du soutien populaire et de la puissance militaire[12]. Le détruire enlèverait à l’adversaire toute envie de poursuivre la guerre.

Ainsi, si l’Ukraine veut gagner la guerre, il est évident qu’elle devra désolidariser les séparatistes de Moscou soit en contrôlant les frontières terrestres, soit en jouant sur la diplomatie pour troubler les rapports entre les Russes et les séparatistes[13]. La première option a échoué pendant les offensives de 2014. Il est clair que sans le soutien russe, les insurgés auraient été obligés de déposer les armes faute d’équipement et d’entraînement suffisant. Clausewitz avait identifié l’allié de l’adversaire comme un centre de gravité[14]. 

Concernant la puissance militaire, Donetsk et Lougansk sont respectivement les capitales de la DNR et de la LNR. Elles fournissent le gros des troupes, elles sont des centres politiques et administratifs. De plus, Donetsk est également un pôle économique important, la priver de ses mines de charbon et de ses haut-fourneaux la saignerait à blanc mais Kiev risquerait aussi de payer cher sa reconstruction dès qu’elle reviendra sous son contrôle. En 2014, les Ukrainiens avait bien tenté d’encercler Donetsk et Lougansk afin d’immobiliser les milices pro-russes. Ils avaient une nouvelle fois échoué. 

Porter la guerre à la population est aussi une option. La course à la mer du Général Sherman en 1864 et la Guerre de Tchétchénie en sont des exemples, surtout que ce sont des guerres civiles. Faire la guerre à la population peut être contre-productif[15]. La population est un facteur crucial, surtout si elle appartient au même pays, l’attaquer sans aucune retenue peut la rendre hostile. Gagner le soutien de la population est un plan à envisager mais le sentiment anti-ukrainien et l’ambiance martiale en son sein ne faciliteront pas la tâche de Kiev.

Enfin, neutraliser les centres de commandements et ses sources de troupes pourrait aussi briser toute envie de continuer. Loin derrière la guerre des taupes, des commandants pro-russes ont mystérieusement été assassinés. Les séparatistes ont imputé la responsabilité à Kiev mais ce dernier a affirmé que la DNR et la LNR étaient en proie à des luttes internes, voire à une purge sur l'ordre du Kremlin lui-même. Si l’Ukraine était vraiment responsable de la mort d’Arsen « Motorola » Pavlov et de Mikhaïl « Guivi » Tolstykh[16], cela serait normal et propre à toutes les guerres. Faute de remplaçants aussi compétents que charismatiques, l’ennemi pourrait être démoralisé et désordonné. 

A l’Est, rien de nouveau

Les clivages au sein de la société ukrainienne et les convoitises étrangères ont fertilisé les tensions qui ont conduit à la guerre. La Révolution de février 2014 a été l’étincelle qui a enflammé l’Ukraine. Le manque d’organisation, le manque de moyens de l’armée ukrainienne, l’instabilité politique et économique du pays et l’entrée non-officielle de la Russie dans le conflit ont compromis l’opération militaire. La survie de l’intégrité territoriale et de l’indépendance des principaux belligérants dépendent du soutien militaire et diplomatique de la Russie et des Occidentaux. Concernant l’Ukraine, son existence est menacée aussi bien au niveau extérieur (perte d’alliés, encerclement russe) qu’au niveau intérieur (corruption, instabilité politique, crise économique, régionalisme et séparatisme). Mener une guerre d’usure lui sera très coûteuse vu ses moyens limités et les ressources à trouver.

A l'opposé, pour l'heure, la Russie n’est pas officiellement engagée dans le conflit. Néanmoins, si tel avait été le cas, sa stratégie de guerre hybride est à prendre très au sérieux car elle est comparable à celle que l’État islamique emploie en Syrie et en Irak. De plus, elle pourrait même récidiver là où il y a une minorité russe importante. Les Pays baltes, la Biélorussie et le Kazakhstan pourraient (hypothétiquement) être les prochaines victimes de l'irrédentisme russe en cas d’insurrection pro-russe. Cette stratégie est dangereuse car elle est flexible et légalement ambiguë. Malheureusement, la presse et l’opinion publique est plus intéressée par les actions héroïques et spectaculaires contre des islamistes que par une bande de taupes terrés dans des tranchées. La situation est trop calme pour pouvoir s’y intéresser. C’est la loi de l’information : pas de nouveauté, pas d’intérêt...

Notes et références en bas de page :
[1] C’est dans les oblast de Ternopil et Lviv que le parti Svoboda a enregistré ses meilleurs scores électoraux.
[2] La région fut négativement décrite en 2005 par Viktor Tkachenko, éditorialiste du journal Narodne slovo.
[3] Parmi eux des Tchétchènes, des Géorgiens, des Croates, des Polonais, des Américains et des Albanais.
[4] L’armée ukrainienne manquait de gilets pare-balle, de casques, d’armes lourdes. Par ailleurs, elle a connu des problème de communication entre les officiers de carrière dépendant du ministère de la Défense et les chefs de bataillons de volontaires, sous autorité du ministère de l’Intérieur.
[5] Voir « Le grand échiquier » de Zbigniew Brzezinski.
[6] Parmi les région à risque : la Transcarpathie (Hongrois), la Bucovine (Roumains et Moldaves), l’Oblast d’Odessa (Bulgares, russophones, Roumains et Albanais).
[7] Euromaïdan serait perçue comme un coup d’état fasciste et un complot américain en vue.
[8] Après l’indépendance de la Crimée et les émeutes dans le Donbass, Kharkiv et Odessa étaient en proie à des revendication sécessionnistes. Ces mouvements ont été déjouées et peu suivies.
[9] Les bataillons déployés appartenaient à différents ministères ou services autonomes. Il n’y a eu aucune centralisation et aucune clarté tactique.
[10] Une cinquantaine de navires ukrainiens et un sous-marin. Un accord a été trouvé pour rendre une partie des navires.
[11] Création de sites d’informations alternatives, développement des capacités offensives comme moyen de dissuasion.
[12] A travers la qualité de ses chefs, de ses forces armées elles-mêmes et des centres économiques et industriels produisant le matériel de guerre.
[13] Voir Sun Tzu.
[14] Si cet allié est plus puissant que lui.
[15] La bataille de Grozny de 1994-1995 a entraîné des pertes lourdes chez les civils. Cela a renforcé le sentiment anti-russe et conduit des civils à rejoindre les moudjahidines.
[16] Ces commandants se sont illustrés dans la bataille de l’aéroport de Donetsk et d’Ilovaïsk. Ils incarnent donc les symboles de la déroute ukrainienne. Pavlov a été accusé d’avoir exécuté des prisonniers de guerre.

Bibliographie

COUTAU-BEGARIE Hervé, Traité de stratégie, Economica, Paris, 1999.
DESPORTES Vincent, Comprendre la guerre. Deuxième édition, Coll. « Stratégies et Doctrines », Economica, 2001.
EUROMAIDAN PRESS, Russian Forces using Hamas-Style Terrorist Tactics in Ukraine, Portnikov Says,Euromaidan press, http://euromaidanpress.com/2017/02/07/russian-forces-using-hamas-style-terrorist-tactics-in-ukraine-portnikov-says/, consultée le 17 mars 2017.
MARPLES David, The Ukrainian Army is Unprepared for War, Current Politics in Ukraine, https://ukraineanalysis.wordpress.com/2014/08/06/the-ukrainian-army-is-unprepared-for-war/, 6 août 2014, consultée le 24 mars 2017.
Ukrainian army command orders OUN volunteer battalion to leave Pisky, Donetsk region, KyivPost,https://web.archive.org/web/20150411171905/http://www.kyivpost.com/content/ukraine/ukrainian-army-command-orders-oun-volunteer-battalion-to-leave-pisky-donetsk-region-385919.html, publiée le10 avril 2015, consultée le 27 mars 2017.
REKAWEK Kacper, Neither « NATO’s Foreign Legion » Nor the « Donbass International Brigades »:(Where Are All the) Foreign Fighters in Ukraine ? PISM, n°6 (108), 30 mars 2015.
Pro-Russian rebels have 40,000-strong army, sufficient for 'mid-sized European state': Ukraine defence minister, ABC AU. , http://www.abc.net.au/news/2015-06-09/ukrainian-rebels-have-army-the-size-of-small-european-state/65308288,8 juin 2015,consultée le 27 mars 2017. 
National Defense and The Canadian Armed Forces, Operation Unifer,http://www.forces.gc.ca/en/operations-abroad/op-unifier.page, consultée le 17 mars 2017.
SAKWA Richard, Frontline Ukraine. Crisis in the Borderland, I.B. Tauris, 2015.
SCHMIDTKE Oliver, Europe’s Last Frontier ?, Palgrave Macmillan, New-York, 2008. 
TALLES Olivier, La Grande Misère de l’armée ukrainienne, La Croix, http://www.la-croix.com/Actualite/Europe/La-grande-misere-de-l-armee-ukrainienne-2014-09-01-1199424, publiée le 1er septembre 2014, consultée le 17 mars 2017.
TZU Sun, préface de GRIFFITH B. Samuel ; avant-propos de LIDDELL HART Kathleen, L’art de la Guerre, Coll. « Textes politiques », Flammarion, Paris, 1972.
YAKOVLEFF Miche, Tactique théorique. Troisième édition, Coll. « Stratégies et Doctrines », Economica, 2016.

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire