samedi 8 juillet 2017

Guerre du Donbass : une analyse stratégique

(rédigé par Arno Zaglia pour le Centre d'Etudes des Crises et Conflits Internationaux de l'Université catholique de Louvain. La version ci-présente du texte a été relue et modifiée par Olivier Lancelot)

Le 6 avril 2017 vient de marquer le troisième anniversaire du début de la Guerre du Donbass, conflit qui vient de tuer 10.000 personnes et de déplacer un million et demi de civils. Malgré tout, l’entrée en vigueur des Accords de Minsk (2015) et la guerre contre l’État islamique semblent avoir totalement détourné l’attention de l’opinion publique alors que sa proximité géographique et son intensité devraient attirer davantage notre attention. Une occasion de présenter une étude stratégique afin d’aborder les différents les différentes facettes de cette crise. Ainsi, cet article a donc pour objectif d’identifier les causes et les circonstances de cette guerre, les acteurs impliqués, les enjeux stratégiques, opérationnels et tactiques, le type de guerre et l’identification des « centres de gravité ».

Une société profondément divisée

L’éclatement de la Guerre du Donbass est la conséquence de différents clivages qui ont divisé l’Ukraine entre l'Ouest et le Centre, d'un côté, et le Sud et l'Est, d'un autre côté, les deux parties étant grosso modo séparés par le fleuve Dniepr.
 
Premièrement, la structure ethno-politique de l’Ukraine a longtemps favorisé les rivalités politiques et économiques. On constate que l’Ouest ukrainien est ukrainophone alors que l’Est est russophone ; l’Ouest est plutôt rural tandis que l’Est est fortement industrialisé ; enfin, le Centre-Ouest est europhile et l’Est russophile. Cette situation se concrétisa par des tensions croissantes entre les deux Ukraine et, donc, entre les autorités ukrainiennes et les populations russophones (rattachement de la Crimée à la Russie, sécession du Donbass, troubles dans le (Sud-)Est russophone).

Par rapport à cette première circonstance, sur le plan idéologique, on voit s’opposer le centralisme nationaliste ukrainien et le régionalisme russophone aux vocations irrédentistes, d’un côté, et les modèles de conception européenne et russe de la démocratie et de l'Etat de droit, d’un autre côté. Dans ce cadre, la rotation des différents gouvernements (une fois pro-russe, une fois pro-européen) ont nourri au sein de chaque groupe un sentiment d’être dominé par l’autre groupe. La Révolution de février 2014 a été perçue par les russophones comme un coup d’État des Ouest-Ukrainiens. En outre, sur le plan géopolitique, le régionalisme autonomiste est-ukrainien, concrétisation du sentiment des russophones d'être oppressés et menacés, est doublé par un irrédentisme russe. La géopolitique du Kremlin étant caractérisée par son sentiment d'insécurité, la Russie a mis en place différentes mesures en vue de soutenir les minorités russes et russophones du Sud-Est ukrainien face à un gouvernement nationaliste russophobe.

Mais cette division n'est pas récente car elle s'ancre dans une histoire parfois douloureuse. Ainsi, jusqu'en 1939-1945, le centre, le Sud et l'Est de l'actuelle Ukraine étaient sous le contrôle de l'Empire russe, puis de l'Union soviétique tandis que l'Ouest (principalement la Volhynie et la Galicie) appartenait à l'Autriche-Hongrie, puis à la Pologne. Cette situation avait donc engendré une évolution différentiée au sein même de l'Ukraine entre un Ouest ayant évolué dans un milieu occidentalisé (Europe, démocratie et libéralisme) et un Est ayant évolué dans un environnement russe (autoritarisme, internationalisme et communisme).

L’Ukraine est aussi l’un de ces pays post-soviétiques ayant du mal à se développer. La pauvreté, la corruption et l’État de droit bafoué ont poussé des centaines de milliers d’Ukrainiens à travailler ou à vivre à l’étranger. Cette situation est une occasion pour les Européens et les Russes pour attirer l’Ukraine dans une de leur union économique. L’Ukraine fut aussi tiraillée entre deux modèles politiques et économiques.

Les acteurs engagés

Ainsi, les combats teintés d’une extrême violence reflètent ces fractures entre l’Ouest et l’Est. Pour les habitants du Donbass, l’Ouest de l’Ukraine est le terreau du néo-nazisme[1] et de l’élite libérale responsable de son déclin économique alors que pour les Ukrainiens de l’Ouest, le Donbass est considérée comme une région arriérée, à la culture mafieuse et comme un réservoir de nostalgiques de l’ère soviétique[2].

Les acteurs engagés sont divers. Du côté des loyalistes (les partisans du nouveau gouvernement), il faut identifier les militaires sous l’autorité du ministère de la Défense incluant l’armée de terre, la marine, les troupes aéroportées et l’armée de l’air tandis que la Garde nationale ukrainienne, les forces de police, les régiments Azov et Donbas sont sous la tutelle du ministère de l’Intérieur. Le commandant suprême des forces armées ukrainienne est le président, Petro Poroshenko, suivi par le ministre de la Défense, Stepan Poltorak. Il faut aussi ajouter les bataillons de volontaires qui évoluent en toute autonomie (Pravy Sektor, l’Organisation des nationalistes ukrainiens ainsi que les bataillons
étrangers[3]). Diplomatiquement, l’Ukraine est soutenue par l’Union européenne, les États-Unis, le Canada et l’OTAN. Si aucune troupe occidentale n’est impliquée dans le conflit, le Canada et les États-Unis fournissent aux Ukrainiens du matériel non létal (gilets pare-balles, drones, vêtements, véhicules et conseillers militaires ont été déployés).

A l’opposé, du côté des insurgés pro-russes, on retrouve la République populaire de Donetsk (DNR) et la République populaire de Lougansk (LNR), dont les forces sont composées de miliciens, de professionnels et de volontaires étrangers. Pour ces derniers, la lutte contre le néo-nazisme ukrainien et les valeurs occidentales les a motivé à rejoindre les séparatistes. Au cours du conflit, l'organisation militaire des forces de la « Nouvelle-Russie » a évolué passant de combattants faiblement équipés et entraînés à de véritables militaires professionnels. De plus, parallèlement aux forces susmentionnées,
des acteurs privés sont engagés à leurs côtés, à l'instar des associations et partis politiques russes ou ukrainiens (comme les mouvements eurasistes, par exemple) qui fournissent une couverture politique et médiatique. Il n’est pas exclu que les insurgés et les forces gouvernementales emploient également des mercenaires.

L’opération « anti-terroriste » de Kiev a mobilisé 30.000 hommes au début du conflit puis 60.000 sur les 200.000 hommes dont disposent les forces armées de l'Ukraine pour faire face à 10.000, puis 40.000 rebelles.

La guerre hybride : une stratégie ancrée dans la tradition russe

Le concept de guerre hybride est difficile à définir du fait des changements sémantiques que les stratèges lui ont apportés. Au sens strict, une guerre hybride est une combinaison des moyens militaires et non-militaires (paramilitaires, miliciens, hackers), d’approche directe et indirecte. Au sens large, elle peut inclure des moyens détournés comme la diplomatie, l’économie ou les médias.

Combiner forces militaires, civiles et paramilitaires n’est pas nouveau. Ainsi, la guerre hybride menée par la Russie n’est autre qu’une réaction à la Guerre du Kosovo, au Printemps arabe et aux Révolutions de couleur. La Russie a perçu ces événements comme une forme nouvelle de guerre visant à la déstabiliser sa sphère d'influence par des moyens détournés : pressions des ONG, sanctions diplomatiques, embargos commerciaux, campagnes médiatiques internationales, instrumentalisation de l’opposition et frappes aériennes, tout pour renverser un régime proche ou potentiellement ami pour la Russie. Estimant que la Russie était menacée, les stratèges russes ont développé à leur tour une nouvelle physionomie de la guerre. De la Géorgie en 2008 à l’Ukraine, la Russie a instrumentalisé les oppositions séparatistes, a mis en oeuvre un argumentaire juridico-diplomatique et a mené une campagne médiatique internationale à travers des agences d’informations étatiques (Russia Today, Sputnik) et les réseaux sociaux. Si les moyens ont changé, ce mode d’action est resté bien ancré dans la tradition stratégique russe. L’usage de feintes, de camouflages, de faux renseignements et de manoeuvres politiques factices s’inscrivent dans la tradition de la maskirovka.

Les évènements de février 2014 en Crimée est une mise en oeuvre réussie de l’approche indirecte. Vladimir Poutine et l’état-major russe ont profité du désordre post-révolutionnaire à Kiev, des manoeuvres militaires russes prévues depuis des mois et de l’hostilité des russophones à l’Euromaïdan pour envahir la Crimée. Grâce à la coupure des communications et à un travail de renseignement, les forces spéciales sont parvenues à prendre le contrôle des bâtiments officiels et des bases ukrainiennes en quelques heures. Non seulement la Russie a pu préserver sa puissance en mer Noire mais en plus elle a réussi à capturer le matériel militaire ukrainien (armements, munitions, équipements, véhicules, avions, navires, etc.)[4] sans effusion de sang.

Enjeux stratégiques, opérationnels et tactiques

Le conflit dans le Donbass se divise en trois niveaux : un niveau stratégique, un niveau opérationnel et un niveau tactique. Ainsi, pour Kiev, l’objectif principal de la reconquête du Donbass est d’ordre économique et politique. Étant un pôle industriel et économique important, sa sécession pourrait handicaper le développement économique de l’Ukraine déjà pénalisée par la perte de la Crimée et par la récession. En effet, le Donbass est une région industrielle incontournable avec ses industries lourdes (métallurgies, sidérurgies, etc.) et ses mines de charbon, dont la production approvisionne l’Ukraine et garantit des revenus en exportation. Le Donbass est aussi un objectif politique important : reprendre la région permettrait à l’Ukraine d’affirmer à la Russie sa volonté de sortir définitivement de sa sphère d’influence.

Pour le Donbass, l’objectif principal est de chasser les troupes loyalistes hors des limites administratives des Oblasts de Donetsk et Lougansk et d’aspirer à devenir soit un État indépendant, soit une entité autonome au sein de l’Ukraine. Le Donbass cherche à tout pris à conserver la continuité territoriale avec les frontières orientales en vue de préserver un lien géographique avec la Russie, lien vital pour leur survie même. Dans l’usage de la guerre hybride comme stratégie, DNR et LNR ont emboîté le pas de la Russie. Elles disposent d’une armée bien équipée, de paramilitaires et aussi de moyens civils (agences de presse et représentations consulaires notamment).

A travers la stratégie de la guerre hybride, la Russie a pour objectif de déstabiliser l’Ukraine de sorte que le pays ne puisse pas intégrer la sphère d’influence occidentale. Un pays ruiné et politiquement instable n’est pas attractif pour une éventuelle adhésion à l’OTAN ou l’UE. Étant un « pivot géostratégique », l’adhésion de l’Ukraine à l’OTAN fragiliserait la position de la Russie[5]. Dans la même logique, Vladimir Poutine désire restaurer l’autorité de la Russie dans sa sphère d’influence traditionnelle et convoite le Rimland européen, instable. Scénario extrême : la Russie peut espérer que la victoire militaire et politique de ses alliés conduira à un démantèlement de l’Ukraine. L’Ouest pro-occidental, le Sud et l’Est pro-russe.

A l’opposé, pour l’OTAN et l’Union européenne, principaux soutiens de Kiev, l’objectif est de protéger son flanc oriental contre une Russie perçue comme une puissance révisionniste aux aspirations néo-impérialistes. En revanche, les États européens sont divisés concernant la position vis-à-vis de la Russie. Des pays comme la Pologne, la Suède ou les Etats baltes veulent des sanctions fermes tandis que la Hongrie, la Slovaquie et la Grèce cherchent à assouplir les sanctions.

Concernant l’enjeu opérationnel, il faut retenir deux théâtres d’opérations : le théâtre ukrainien, qui est un théâtre militaire, et le théâtre international, qui est non-militaire. Ainsi, le premier objectif des Russes et des insurgés pro-russes est de chercher à infliger des pertes aux Ukrainiens de sorte de changer le cours de la guerre en accumulant les succès tactiques. Le second est d’agir sur la volonté et la cohésion des Ukrainiens et des Occidentaux. Pour cela, l’arme la plus efficace est le doute, la désinformation et le dénigrement de l’adversaire[6]. Même si les séparatistes ne gagnent rien sur le front ukrainien, gagner le théâtre international sera décisif dans la poursuite de la guerre. Après la Révolution de février 2014, le Kremlin a organisé une campagne médiatique et informatique agressive mais efficace contre le nouveau gouvernement ukrainien et les institutions occidentales.

De son côté, Kiev lutte aussi bien sur le théâtre militaire que sur le théâtre international en cherchant à contrecarrer la propagande pro-russe. Le site d’information « StopFake » a été fondé en plusieurs langues en tant que « debunker ». Son objectif principal est l’identification et la déconstruction des fausses informations diffusées par le Kremlin et ses sympathisants. Sur le théâtre ukrainien, Marioupol est un objectif capital pour les différents belligérants car si la ville tombait, les pro-russes pourraient créer un pont maritime (voire terrestre) avec la Crimée. Une telle victoire des Républiques populaires aurait un impact psychologique négatif sur l’opinion publique ukrainienne et dont la victoire des séparatistes pourrait galvaniser l’autonomisme ou le séparatisme dans d’autres régions[7].

D’un point de vue tactique, nous observons une nouvelle guerre de tranchées. Cela se résume souvent à des escarmouches pour contrôler des postions tactiquement avantageuses. Des patrouilles s’accrochent dans des zones contestées. Ce sont souvent des échanges de tirs d’armes automatique, de roquettes ou de grenades. Pour Kiev, la tactique actuelle des séparatistes ressemble à celle du Hamas, c’est-à-dire provoquer son adversaire et espérer que sa riposte violente entraîne des pertes civiles et poussent les habitants à rejoindre les rangs des séparatistes.

Avant les Accords de Minsk, loyalistes et séparatistes avaient recours à des tactiques conventionnelles comme la coupure des voies de communication, les embuscades et l’encerclement. La guerre aurait pu tourner court pour les séparatistes mais ils ont réussi à attaquer les loyalistes au moment où le point culminant de l’assaut avait été atteint. En effet, le relâchement des troupes qui voyaient une victoire certaine et l’étalement de leur lignes de communication leur ont été fatal. Saisis par la surprise, ils furent débordés et isolés dans plusieurs chaudrons. Le siège l’Ilovaïsk a été un désastre pour les Ukrainiens. N’ayant pu investir la ville, ils furent encerclés et décimés. Cet échec s’explique également par l’absence de commandement centralisé pour leurs 50.000 hommes alors que les rebelles avaient établis un commandement centralisé pour leurs 15.000 combattants. Résultat : des centaines d’hommes ont été mis hors de combat et le matériel lourd fut détruit ou capturé. Marioupol a même failli être investie par les séparatistes. La contre-offensive aurait été appuyée par plus d’une centaine de blindés et un millier d’homme en provenance de Russie. Parmi eux, des troupes de la 76ème Division aéroportée venant de Pskov.

En résumé, la stratégie ukrainienne de 2014 a été déstabilisée par la stratégie russe et la disproportions de ses moyens qui ont compromis ses plans. Les Ukrainiens s’imaginaient à une opération de police qui ne durerait que plusieurs semaines. Les causes sont multiples : la récession économique, les infrastructures insuffisantes, la désuétude de l’arsenal militaire[8], la corruption généralisée dans les niveaux politiques et militaires et enfin une organisation confuse[9]. L’Ukraine doit aussi lutter sur un front non-militaire dont les pro-Russes et la Russie exploitent des moyens de communication récents et largement suivi à l’inverse des médias traditionnels. Face à ce déséquilibre, l’Ukraine a le choix : adapter les moyens aux fins politiques ou bien d’adapter les fins politiques aux moyens.

Centre(s) de gravité: options pour l’Ukraine

Le centre de gravité est la source de force morale et physique, de puissance et de résistance. Il peut s’agir du soutien populaire et de la puissance militaire[10]. Le détruire enlèverait à l’adversaire toute envie de poursuivre la guerre.

Si l’Ukraine veut gagner la guerre, il est évident qu’elle devra désolidariser les séparatistes de Moscou soit en contrôlant les frontières, soit en jouant sur la diplomatie pour troubler l’alliance entre les Russes et les séparatistes[11]. La première option a échoué pendant les offensives de 2014.

Points stratégiques, Donetsk et Lougansk sont les capitales respectivement de la DNR et de la LNR, elles sont les centres politiques et administratifs, elles fournissent le gros des troupes. Donetsk est en plus une ville économiquement importante, la priver de ses mines de charbon et de ses haut-fourneaux la saignerait à blanc mais Kiev risque aussi de payer cher sa reconstruction dès qu’elle reprendra le contrôle.

Porter la guerre à la population est aussi une option. La course à la mer du Général Sherman en 1864 et la guerre de Tchétchénie en sont des exemples, surtout que c’était des guerres civiles. Toutefois, faire la guerre à la population peut être contre-productif car si elle appartenait au même pays, l’attaquer sans aucune retenue pourrait la rendre neutre voire hostile[12]. Gagner le soutien de la population est un plan à envisager mais le sentiment anti-ukrainien et l’ambiance martiale en au sein des citoyens du Donbass ne faciliteront pas la tâche de Kiev.

Enfin, neutraliser les centres de commandement pourrait aussi briser toute envie de poursuivre la guerre. Entre 2014 et 2016, des commandants pro-russes ont mystérieusement été assassinés. Les séparatistes ont imputé la responsabilité à Kiev mais ce dernier a affirmé que la DNR et la LNR étaient en proie à des luttes internes, voire à une purge sous ordre du Kremlin lui-même. Si l’Ukraine était vraiment responsable de la mort d’Arsen « Motorola » Pavlov et de Mikhaïl « Guivi » Tolstykh[13], elle pourrait continuer en ce sens. En effet, faute de remplaçants aussi compétents que charismatiques, l’ennemi pourrait être démoralisé ou désordonné.

Conclusions

Les clivages au sein de la société ukrainienne ont fertilisé les tensions qui ont conduit à la guerre. La Révolution de février 2014 a été l’étincelle qui a enflammé l’Ukraine. Malgré sa détermination, le manque d’organisation et de moyens de l’armée ukrainienne combinés avec la stratégie de guerre hybride russe ont mis l’Ukraine dans un État de faiblesse. Mener une guerre d’usure sur le front militaire lui sera très coûteuse vu les moyens limités mais relancer les hostilités serait un pari dangereux car la Russie pourrait réagir à la violation des Accords de Minsk.

Il faudrait que l’Ukraine et ses alliés développent une contre-stratégie pour lutter efficacement contre la guerre hybride, car contrairement à la Russie qui a pu exploiter les NTIC[14], l’OTAN est tombée dans son propre piège et a du mal à s’adapter à cette forme de guerre. La Russie pourrait récidiver là où une minorité russe importante pourrait se sentir menacée par un gouvernement nationaliste. Les Etats baltes (voire la Biélorussie et le Kazakhstan, proches de Moscou) pourraient être les prochaines victimes et même si ceux-ci sont membres de l’OTAN, la guerre hybride parviendrait à contourner le mécanisme de défense collective. La guerre en Ukraine est devenue complexe : les armes se sont presque tues mais tout se joue maintenant sur le front international entre la Russie et les puissances occidentales.

Notes et références en bas de page :
[1] C’est dans les oblast de Ternopil et Lviv que le parti Svoboda a enregistré ses meilleurs scores électoraux.
[2] La région fut négativement décrite en 2005 par Viktor Tkachenko, éditorialiste du journal Narodne slovo.
[3] Parmi eux des Tchétchènes, des Géorgiens, des Croates, des Polonais, des Américains et des Albanais.
[4] Une cinquantaine de navires ukrainiens et un sous-marin. Un accord a été trouvé pour rendre une partie des navires.
[5] Voir « Le Grand Echiquier » de Zbigniew Brzezinski.
[6] Euromaïdan serait perçue comme un Coup d’Etat fasciste et un complot américain.
[7] Parmi les régions à risque, on peut citer le cas des oblasts suivants :
  • L'Oblast de Transcarpathie, peuplé par une minorité de 12-13% de Hongrois ;
  • L'Oblast de Tchernivtsi, peuplé par une minorité roumanophone (Roumains et Moldaves) ;
  • L'Oblast d’Odessa, peuplé par une minorité de 21% de Russophones.
[8] Une flotte aérienne réduite, des appareils et des véhicules vieux d’une trentaine d’années.
[9] Les bataillons déployés appartenaient à différents ministères ou à des services autonomes. Il n’y a eu aucune centralisation et aucune clarté tactique.
[10] A travers la qualité de ses chefs, de ses forces armées elles-mêmes et des centres économiques et industriels produisant le matériel de guerre.
[11] Voir Sun Tzu.
[12] La bataille de Grozny de 1994-1995 a entraîné de lourdes pertes chez les civils. Cela a renforcé le sentiment anti-russe et conduisit des civils à rejoindre les moudjahidins.
[13] Ces commandants se sont illustrés lors de la bataille de l’aéroport de Donetsk et d’Ilovaïsk. Ils incarnent donc les symboles de la déroute ukrainienne. Par ailleurs, Pavlov a été accusé d’avoir exécuté des prisonniers de guerre.
[14] Nouvelles technologies de l’information et de la communication.

Bibliographie
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